Aux sources de la pensée imaginative
AUX SOURCES DE LA PENSÉE IMAGINATIVE : FICHTE, HEGEL, SCHELLING ...
C'est en 1916, en pleine " Grande Guerre " mondiale, que Steiner rassembla dans cet ouvrage des conférences où il avait, dit- il, développé des vues qui, " au cours de trente-cinq années ", s'étaient formées en lui. Alors qu'au-dehors passions et armes se déchaînent, il décrit le " terrain spirituel " qui s'est créé aux XVIIIème et XIXème siècles dans lequel put commencer à prendre racine l'anthroposophie. " Pensez le mur ! ", disait Fichte à ses étudiants d'Iéna. Puis " Pensez celui qui pense le mur ! " Il cultivait ainsi cette intensification de la force créatrice du penser par laquelle pouvait naître une faculté d'imagination capable de " parvenir à des connaissances des mondes supérieurs " . un nouveau penser qui veut retrouver " la racine du vivant ". Au cours de ces deux siècles, un grand nombre de penseurs, de poètes ont ressenti en Allemagne, en Autriche, ce besoin de se relier au monde suprasensible par des formes nouvelles. de penser. Certains sont connus (Fichte, Schelling, Hegel), d'autres (Hamerling, Fercher von Steinwand et bien d'autres, sans oublier Preuss, qui appela l'homme le premier-né de la Création) ignorés de la littérature. Mais par leur aspiration à l'esprit, ils ont frayé la voie à l'anthroposophie en se dégageant de la vision intellectuelle et matérialiste qui avait conduit à la situation catastrophique de la " Grande Guerre " '. ainsi l'humanité avait la possibilité de franchir un pas en avant dans l'évolution de la conscience et de trouver une voie de guérison à ses maux.
Sommaire
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Avant-propos et introduction :
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Monde de pensées, personnalité, entité du peuple
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Additif pour la nouvelle édition de 1918
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L'image du monde de l'idéalisme allemand
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L'idéalisme, éveil de l'âme : Johann Gottlieb Fichte
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L'idéalisme, vision de la nature et de l'esprit : Friedrich Wilhem Joseph Schelling
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L'idéalisme allemand, vision de pensées : Hegel
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Un courant oublié dans la vie de l'esprit allemande
- Image de la vie des pensées en Autriche
REPÈRES
C'est encore Rudolf Steiner qui, nous a-t-il semblé, peut le mieux exposer au lecteur pourquoi et comment il a écrit ce livre. Dans une conférence du 11 juin 1916 (GA 169), il s'exprime de la façon suivante :
"Je vous ai indiqué qu'une grande partie du penser moderne, de l'orientation de penser, de la qualité de penser remonte par exemple au début de la cinquième époque postatlantéenne, qu'un esprit donnait alors le ton dans ce que produisait Bacon, ce que produisait Shakespeare et même dans ce que produisait Jakob Böhme. Il fallait qu'on en vienne là. Mais nous nous trouvons aussi aujourd'hui au point où doit être dépassé ce qui a été à juste titre initié, inauguré au début de la cinquième époque postatlantéenne ; et c'est précisément cela que je voulais exposer dans ce livre aux sources de la pensée imaginative qui vient de sortir. Je voulais montrer d'un côté à quels mouvements spirituels a conduit, en particulier en Europe du Centre, ce qui est la cinquième époque de culture postatlantéenne et comment il faut chercher le chemin pour en sortir - précisément le chemin de la science de l'esprit. Il apparaîtra bien que ce qui est écrit dans ce livre est écrit véritablement avec le sang de mon coeur, et écrit de façon telle que parfois il a fallu prendre deux jours pour une phrase qui occupe un quart de page, afin de pouvoir assumer la responsabilité de chaque mot et de chaque tournure ; on verra bien si ce livre peut être lu ou s'il sera lu une fois de plus aussi mal qu'ont été lus de précédents livres."
Cet ouvrage décrit en effet le moment (XVIIIème - XJXème siècles) où jaillissent en Allemagne et en Autriche des formes nouvelles de penser ; d'un penser qui veut retrouver comme Fichte dans tout ce qui existe "la racine du vivant" (p. 35). De même, Schelling "veut faire s'éveiller en l'âme de l'homme une vision intellectuelle qui se situe derrière la faculté humaine de connaissance. Ce mode de vision se manifeste - pour Schelling - sous la forme de la force créatrice en l'homme ; mais de façon telle qu'elle ne crée pas à partir de l'âme des concepts au sujet de la nature, qu'au contraire, par un intime vivre-ensemble avec la réalité d'âme de la nature, elle fait apparaître les formes - les idées - qui règnent et créent dans la nature." (p. 37).
Bien d'autres êtres ont ressenti en ces XVIIIème - XIX'ème siècles cette force créatrice qui s'éveillait en l'être humain et qui voulait se relier à celle qui agit dans l'univers. Steiner présente les grandes figures de cet "idéalisme" allemand, mais n'oublie pas certaines personnalités autrichiennes moins connues, qui se manifestèrent fréquemment sous forme poétique. Il donne de longs extraits de Fercher von Steinwand, Misson, Hamerling, etc.
Une place spéciale revient à Wilhelm Heinrich Preuss qui énonça le premier que "l'homme est le premier-né de tout le cosmos ( ..). Une fois que ses germes furent nés, le reste organique qui subsistait n'avait plus la force nécessaire pour engendrer d'autres germes humains. Ce qui naquit ensuite devint animal ou plante." Cet auteur peu connu ne l'était pas de tous et Steiner montre, citations à l'appui, que Bergson lui a emprunté son concept d'"évolution créatrice" sans signaler l'emprunt !
Dans ce livre, Steiner évoque un grand nombre de personnalités d'Europe du Centre qui ont aidé le penser à se dégager du carcan où l'avait enfermé une vision intellectuelle et matérialiste. Elles ont ainsi ouvert la voie à l'anthroposophie.
Geneviève Bideau.