Limites (Les) de la connaissance de la nature
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L'Europe tout juste sortie de la "Grande Guerre" le manifeste clairement : au-delà des apparences, la catastrophe résulte de l'impuissance des formes de la pensée scientifique à saisir la réalité sociale, c'est-à-dire humaine.
Comment dépasser consciemment ces limites ?
Dans le premier cycle de conférences qu'il ait faites sous la double coupole du premier Goetheanum, Steiner s'attache à montrer en quoi l'acquisition de facultés supérieures - imagination, inspiration, intuition - donne accès à la dimension spirituelle de l'être humain. Son exposé s'achève sur deux conférences qui décrivent dans sa spécificité le chemin d'initiation du scientifique. Vincent Choisnel a traduit scmpuleusement ce texte jusqu'alors inédit en français.
Les limites de la connaissance de la nature
PREMIÈRE CONFÉRENCE, Dornach, 27 septembre 1920
Les sciences de la nature ne peuvent rien pour la vie sociale. L'idéal d'une explication astronomique de la nature. L'ignorabimus de Du Bois-Reymond au sujet de 12 matière et de la conscience. Faire et défaire les théories comme dans l'histoire de Pénélope. La nécessité de concepts d'une clarté mathématique pour l'éveil de l'être humain. I1 s'y perd lui-même. Les exigences sociales demandent un dépassement de "l'ignorabimus".
DEUXIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 28 septembre 1920
Hegel. L'hégélianisme ne peut rien pour la vie sociale. Marx et Stirner aux deux pôles de la matière et de la conscience. La transparence des concepts ne suffit pas si l'on recherche plus qu'un pur phénoménalisme. Le penser roulant par inertie jusqu'à traverser le voile du sensible. À l'opposé, le goethéanisme. La première question cardinale : celle des qualités premières et des qualités secondes.
TROISIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 29 septembre 1920
L'opposition entre parallélogramme des mouvements et parallélogramme des forces en mécanique. D'où viennent les mathématiques? Prendre au sérieux la qualité de la connaissance scientifique. Le sens de la vie, le sens du mouvement, le sens de l'équilibre. Les mathématiques y sont contenues à l'état latent. Le dépassement de leurs manifestations prosaïques abstraites. Novalis. L'inspiration. Celle-ci vit dans les mathématiques dans un domaine partiel. La philosophie du Vedanta. Affinité de Goethe avec l'atmosphère mathématique. Il introduit la lumière dans le pôle de la matière. Le phénomène primordial et l'axiome.
QUATRIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 30 septembre 1920
Le pôle de la conscience. Les expériences mystiques et la "mélodie de l'orgue de Barbarie " oubliée. Le chemin de La philosophie de la liberté. Le penser pur saisit en un point l'existence universelle. Les impulsions morales libres. L'imagination créatrice morale. La métamorphose des concepts de type hégélien en imagination. Renoncer au développement indéfini des pensées. La réalité vit dans des images. Par l'imagination, le moi instinctif devient social. Stirner. Les relations avec l'associationnisme.
CINQUIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 1er octobre 1920
Du prouver. Le chercheur en esprit a incorporé ce qui fait la preuve dans son chemin. L'expérimentation, démarche irresponsable dans le domaine social. L'inspiration et l'imagination sont la faon juste de se placer aux deux limites du connaître ordinaire. Les sensations d'équilibre, de mouvement et de vie et l'inspiration. Un tissage musical assourdi. La révélation du Verbe sans paroles. À la place de l'univers métaphysifié des atomes se dégagent des essences spirituelles. L'inspiration naît des profondeurs de l'évolution de l'humanité. Le scepticisme pathologique en tant que symptôme. Nietzsche.
SIXIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 2 octobre 1920 dans la matinée
Le désir instinctif de sortir de son corps. La compréhension de la science de l'esprit par la raison, remède à des états pathologiques. La métamorphose de la mémoire en connaissance des incarnations successives grâce à l'inspiration. Le développement des forces psychiques au pôle de la conscience. L'expérience de la pensée imaginale. Elle permet de descendre plus profondément dans son propre être. C'est la tendance de l'évolution dans l'autre direction, consciemment ou inconsciemment. Les états pathologiques sont des symptômes : l'astraphobie, la claustrophobie, l'agoraphobie. L'imagination. La force de l'amour. L'intui- tion. Le médecin. Capital, travail, marchandise.
SEPTIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 2 octobre 1920 au soir
La perception du langage, la perception de la pensée, la perception du moi et l'émancipation de l'élément psycho- spirituel. L'ancienne initiation orientale. Les mantras. Ils mènent aux moi d'entités spirituelles, tandis que la perception du langage mène à autrui. Les dangers de la formation occulte. La sagesse orientale et les confessions religieuses occidentales. Le courant spirituel issu de l'Orient aboutit au scepticisme en Occident. Un autre courant doit venir à sa rencontre de l'Occident vers l'Orient. Chemin oriental et chemin occidental. Le penser pur - la perception sans penser. La difficulté d'exprimer l'anthroposophie proprement dite. L'imagination, chemin de la civilisation occidentale.
HUITIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 3 octobre 1920
Le chemin de connaissance du scientifique. Le sens de La philosophie de la liberté. Percevoir en excluant le penser, grâce au symbole. La contemplation. Le spirituel pénètre en nous inconsciemment à travers le monde sensible et nous organise. L'émancipation du sens de l'équilibre, du sens du mouvement, du sens de la vie chez l'enfant. Celui-ci fait pénétrer en lui-même le sens de l'odorat, celui du goût et celui du toucher. Celui qui aspire à l'imagination accède à l'équilibre, au mouvement et à la vie par l'odorat, le goût et le toucher. En même temps, la pensée pure se métamor- phose en inspiration. L'intuition, union de l'imagination et de l'inspiration. Beaucoup de mystiques ne parviennent pas au-delà de l'odorat, du goût et du toucher. Ce que l'Oriental ressentait par les exercices respiratoires. Ressentir de faon analogue l'oscillation entre le processus de perception et le penser pur. L'impasse de la philosophie occidentale: la philosophie de la nature chez Schelling et Hegel.