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- Catégorie : Divers aspects de la pédagogie Steiner
- Mis à jour : vendredi 1 mai 2020 16:24
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La connaissance de l'être humain, fondement de la pédagogie
Rudolf Grosse
Paru dans : Rudolf Grosse, Rat und Tat fur die Erziehung (Que faire, et comment faire, en éducation?, non traduit), Philosophisch-Anthroposophischer Verlag, Goetheanum, Dornach 1980, pp. 111-117. Traduit par Paul-Henri Bideau. (Traduction autorisée.)
Partout en Europe, on cherche aujourd'hui à fonder l'enseignement sur des bases nouvelles. Cette quête conduit souvent à des projets de grande envergure, dans lesquels on perçoit un effort pour s'engager une bonne fois dans des voies vraiment nouvelles, mais d'autre part de telles réformes ne sont la plupart du temps que l'expression d'une connaissance partielle de l'être humain, qui ne peut que conduire à de nouvelles impasses. Dans ce genre de problèmes, attirer l'attention sur l'être humain lui-même et s'orienter d'après son évolution est toujours une aide. Aussi la meilleure école sera-t-elle celle qui, dans sa pratique, se laissera guider par la connaissance de l'être humain lui-même.
L'enseignant doit donc acquérir la faculté d'étudier l'être humain tel qu'il se présente dans la vie, de s'enrichir et de se corriger continuellement à la faveur des expériences qu'il fait dans cette étude. C'est d'une telle expérience, accessible à tout un chacun, que nous allons partir ici.
Nous pouvons en effet distinguer deux types d'êtres humains. Il y a ceux qui sont capables d'exprimer leur être intérieur dans une forme transparente ; il y en a d'autres qui aspirent à le faire, mais n'y parviennent pas. Les êtres doués de la capacité de manifester vers l'extérieur ce qu'ils ont vécu dans leur être intérieur, nous les trouvons sous la forme la plus pure parmi les artistes : le peintre, le musicien, le sculpteur, l'acteur, le poète, etc. La vie de celui qui possède ce don en présente souvent un aspect de liberté, d'ouverture, de grandeur. En d'innombrables êtres humains vit une profonde aspiration à pouvoir s'exprimer dans l'activité artistique. C'est l'aspiration de l'être humain à l'élément créateur. Comme notre vie serait profondément transformée, si nous pouvions être créateurs, et comme ils sont nombreux, ceux qui se trouvent tout près de ces sources intérieures, et ne le savent pas ! C'est ce que l'on voit souvent dans les cheminements de la destinée d'êtres humains qui ont trouvé le chemin de ces sources. Pensons par exemple à Winston Churchill, qui à quarante ans seulement découvrit qu'il était peintre, ce qui donna au reste de sa vie un accent tout particulier ; ou encore au sculpteur Ann Sheridan qui, elle aussi, ne découvrit ses facultés créatrices que dans la seconde moitié de sa vie, lors de sa tentative pour modeler une stèle pour l'enfant qu'elle venait de perdre. On peut voir d'après sa biographie de quel bonheur elle fut pénétrée lorsqu'elle eut trouvé cette voie.
A côté de ces êtres comblés il y a ceux, innombrables, à qui leur corps ne fournit pas les aptitudes nécessaires pour exprimer les impulsions venant de l'intérieur : ce corps est malhabile, n'est plus l'instrument par lequel l'âme pourrait se manifester.