Pont (Le) par-dessus le fleuve
PRÉFACE À L'ÉDITION FRANÇAISE
On croit souvent que le monde des défunts est coupé du monde des vivants. Même si nos pensées et nos sentiments se tournent vers eux, si quelquefois, dans des rêves ou des moments exceptionnels, nous avons le sentiment de percevoir leur présence, les morts nous semblent lointains. Nous ne pouvons plus communiquer avec eux.
Dans les textes que nous publions ici, un pont est jeté entre le monde des morts et le monde des vivants. Sigwart, jeune musicien, mort à la suite des blessures reçues sur le champ de bataille en 1915, envoie des communications à ses proches, ses soeurs, en particulier, restées parmi les vivants. Plus tard, l'une d'elles le rejoindra et communiquera également avec le cercle qui s'est formé dans le but de maintenir le lien avec Sigwart.
On est frappé par le caractère concret, proche, de ces communications. Par l'amour qui unit ces êtres, le lien entre ce que vit Sigwart dans le monde spirituel, son cheminement, et le monde terrestre est préservé. Le frère n'a pas quitté ses soeurs, ses parents, son épouse et son fils. Il vit encore profondément avec eux, leur donne des conseils, parfois sévères, des lignes de conduite, leur indique ce qui est répréhensible ou souhaitable pour leur vie intérieure. Il rappelle des circonstances récentes où il était présent parmi ce cercle. Tel un conseiller bienveillant, mais sévère, il les guide dans leur vie, à partir du spirituel.
Sigwart décrit également les tâches qui lui incombent dans le monde spirituel et qui le conduisent peu à peu de plus en plus haut dans les sphères de l'esprit. Son lien avec les êtres restés sur terre, avec le conflit qui fait rage et la situation en Allemagne, ne l'empêche pas de réaliser la mission qui lui est dévolue et dont il parle avec une grande noblesse.
Un observateur sceptique pourrait, évidemment, voir dans ces communications la projection des préoccupations des membres de ce cercle. Toutefois, elles ont un caractère si inattendu qu'elles portent à la réflexion. Du reste, Sigwart, aussi bien que sa soeur, répondent parfois à des questions posées, faisant toujours ressortir la perspective spirituelle. Et Sigwart ne cesse de ramener les terriens à l'essentiel, alors qu'ils perdent leurs temps à des activités sans importance. C'est vraiment une autre façon d'envisager l'existence, en tenant toujours compte du spirituel, de l'essentiel.
On ressent fortement l'authenticité de ces communications. Ce fut aussi le sentiment de Steiner lorsqu'il en eut connaissance. Il y retrouva ce dont il pouvait faire lui-même l'expérience. Et le jeune musicien confirme ce que signale souvent Steiner: si l'on n'a aucune connaissance de la vie après la mort, on est totalement perdu lorsqu'on arrive dans les mondes spirituels. Lui-même avait, pendant sa vie terrestre, été en contact avec Rudolf Steiner et put progresser très rapidement dans le monde spirituel où, après « l'acclimatation » du début, il se trouva « en pays de connaissance ».
Les Éditions Novalis sont heureuses de présenter ces communications au public français et remercient le Oratio Verlag, grâce auquel elles ont pu parvenir à la connaissance d'un public plus large en Allemagne.
Geneviève Bideau