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Conférence de Rudolf Steiner à Dornach, le 27 novembre 1920

Extraite du livre « Liberté et amour  - Leur importance au sein de l’évolution »

« Le pont entre le spirituel de l’univers et le physique de l’homme – Isis-Sophia »

GA 202

© Éditions Anthroposophiques Romandes 1989

Traduction : Étienne-Jean Delattre

Hier nous avons encore étudié d'un certain point de vue comment l'homme est lié au passé et à l'avenir et, ce faisant, nous avons pris pour base ce qui se manifeste dans la forme humaine exté­rieure, cette triarticulation[i] de l'organisme humain, que nous avons déjà souvent mise en évi­dence : l'organisme-tête qui, comme nous l'avons montré, est tourné vers le passé, l'organisme-membres qui est tourné vers l'avenir, et l'orga­nisme rythmique, l'organisme-cœur-poumons, qui appartient à proprement parler au présent. Aujourd'hui nous allons d'abord envisager un autre aspect de l'être humain, un aspect plus inté­rieur, psychique, afin que demain nous puissions réunir tous ces faits en un tout.

De même que nous pouvons distinguer trois parties du corps humain : ce qui a le caractère tête, ce qui a sa source dans le système rythmique et ce qui appartient à l'organisme-membres, de même nous pouvons distinguer trois éléments dans la vie de l'âme. Nous pouvons considérer le penser ou activité représentative, le ressentir, le vouloir ; et, en quelque sorte, on a à faire dans l'âme à cette triple articulation exactement comme dans le physique on a à faire à l'autre tri­partition qui vient d'être mentionnée. Et on peut aussi engager des recherches sur la relation de ces trois parties avec la situation de l'être humain dans le cosmos. On envisagera d'abord la vie des représentations. Cette vie des représentations ou des pensées, ce penser, c'est sans aucun doute ce qui agit intérieurement en l'homme de la manière la plus déterminée. D'une part, la vie des repré­sentations conduit l'être humain vers l'extérieur, vers le cosmos ; d'autre part, elle le conduit vers l'intérieur, vers son intériorité. Par la vie de la représentation, l'homme prend connaissance des phénomènes dans les lointains espaces du cos­mos. Il accueille en lui tout ce qu'il faut concevoir à l'origine de la formation de sa tête, ainsi que nous l'avons vu hier. Mais, d'un autre côté, l'être humain reprend en lui ses pensées et ses représen­tations, il les garde à l'état de souvenirs. Il construit sa vie intérieure d'après ces représenta­tions. Cette vie des représentations, cette vie des pensées est, au premier chef, liée à la tête de l'homme, son organe est la tête. Et déjà on peut en conclure, d'une certaine manière, que le destin de la vie des représentations est lié au destin de la tête. Tandis que la tête nous renvoie au passé et qu'en quelque sorte nous introduisons les germes psycho-spirituels de la formation de la tête dans l'existence physique par la naissance, ce fait même nous indique déjà que la vie de la représen­tation, nous l'apportons aussi de l'existence pré­natale. Mais d'autres motifs encore justifient une telle appréciation objective de la vie des représen­tations. Dans notre psychisme, la vie des repré­sentations est, en quelque sorte, ce qu'il y a de plus déterminé. C'est ce qui, dans notre âme, est le plus accompli. C'est aussi ce qui contient des éléments qui n'ont au fond aucun rapport avec notre vie individuelle ici dans le monde physique.

 

[i] [Dreigliederung] traduit aussi par « trimembrement »

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